A2S – Sur le White Spirit en Angleterre – 04-09/09/2011

 

Dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) et de la collaboration entre équipes d’archéologues sous-marins,  Anne et Alexandre ont aussi participé à l’opération du HWTMA sur le site de Bouldnor Cliff. Pour l’étude de ce site mésolithique majeur, l’équipe de l’Adramar a été accompagnée par Joé Guesnon et Gilles Drogue, plongeurs de Cherbourg, collaborateurs du projet Atlas Ponant qui ont déjà participé au chantier de Biéroc-la-Mondrée. La descente à 12 m de fond a consisté en des prélèvements de tourbe, la confection du carroyage, le décapage pour atteindre la couche archéologique. Sur ce site, le travail s’effectue comme en archéologie terrestre, avec une truelle à la main : des coupes stratigraphiques sont même réalisées !

 

Bibliographie :

MOMBER G., TOMALIN D., SCAIFE R., 2011, The Mesolithic Occupation at Bouldnor Cliff and the Submerged Prehistoric Landscapes of the Solent, Council for British Archaeology, Research Reports 164, 200 p.

 

Lien : Etude de Bouldnor Cliff par le HWTMA

A2S – Sur le Zeeleew en Belgique – 23-27/08/2011

 

 

Dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) et de la collaboration entre équipes d’archéologues sous-marins,  Anne et Alexandre ont participé à l’opération du VIOE au large d’Ostende sur le Zeeleew « Lion de mer » pour cinq jours de terrain avec nos partenaires belges Ine, Inge et l’équipe du VIOE sur les épaves du HMS Wakeful (profondeur 26 m, contre-torpilleur britannique de la première guerre mondiale), du  Branlebas (profondeur 14 m, torpilleur français de la première guerre mondiale), du HMS Basilisk (profondeur 7,5 m, seconde guerre mondiale) et du Vliegent Hart (profondeur 21 m, VOC [Vereenigde Oost-Indische Compagnie], compagnie hollandaise des Indes orientales, XVIIe-XVIIIe siècles).

 

A2S – Aide aux bénévoles – Boulogne-sur-Mer – 27-28/07/2011

 

Dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) et celui du programme de documentation des épaves contemporaines, mené par Jean-François Jeu et Alain Richard, Alexandre Poudret-Barré et Victor Laforêt sont venus prêter main forte à l’équipe. Cette mission a été réalisée les 27 et 28 juillet 2010. Jean-François Jeu a effectué la prospection de la zone au large de Boulogne-sur-Mer, définie dans la demande d’autorisation faite au DRASSM. L’opération a consisté en des plongées de vérification de présence de sites et à l’acquisition de données au sonar latéral de l’épave de la vedette lance-torpille S1. Les données acquises au sonar latéral ont été traitées et restituées sous forme de fiches contact.

 

Comme pour cette opération, l’Adramar peut mutualiser ses moyens humains et techniques.

(cf. Rubrique Association/Logistique & Services).


A2S – Biéroc-la-Mondrée – 26-30/07/2010

 

Cette opération s’est effectuée dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S).

Le site, qui s’implante au pied de falaise à Biéroc-la-Mondrée, près de Fermanville, gît à 20 mètres de profondeur et serait antérieur au dernier glaciaire entre 40 000 à 70 000 ans. Les fouilles menées dans les années 1970 ont permis la découverte de plus de 2500 silex taillés dont la majorité sont des produits de débitage où la méthode Levallois apparaît fort bien exprimée. Ces artefacts attestent d’une occupation néandertalienne sur le plateau continental durant le dernier interglaciaire / début du dernier glaciaire, ce qui fait du site de Biéroc-la-Mondrée le plus ancien gisement submergé d’Europe du nord-ouest.

Entre 2000 et 2002, des opérations de plongées ont été conduites pour déterminer l’emprise générale du site, caractériser l’environnement du gisement et préciser la ou les périodes ou occupations et tenter de comprendre les phénomènes taphonomiques qui ont affecté le site.

En 2010, l’Adramar, en partenariat avec le SRA de Basse-Normandie, le Hampshire &Wight Trust for Maritime Archaeology et l’ASAM-Cherbourg, a effectué le repérage du site et a mis en place des points de références sur une grille triangulaire.

À partir de cette grille, le positionnement précis des sondages effectués en 2002 ainsi que l’enregistrement de la distribution des artefacts a été possible. Les plongées, lors de cette opération, ont confirmé une variation dans la composition du fonds marin et dans la distribution des artefacts sur une aire de 350 m2 dans une zone totale de 40 000 m2 dont les 90% dans la partie sud du gisement. La couverture au sonar à balayage latéral a permis de confirmer les différences de sédimentation entre le nord et le sud du site. Une carotte de sédiment a daté l’occupation sommitale du site à l’interface isotopique 5a et 4 soit vers 70 000 ans par la méthode OSL sur quartz.

Ce site serait donc un dépôt sableux de niveaux archéologiques stratifiés de matériel de remplissage accumulé dans une cuvette protégée ou sur les berges d’un paléo-chenal.

L’étendue de la surface du site archéologique mériterait d’être déterminée. Par contre, un protocole opératoire reste à inventer afin d’éviter d’analyser ce gisement par tranchées ou par carottages, qui ne permettent pas l’interprétation d’un site de manière globale.

 

Bibliographie :

CLIQUET D., COUTARD S., CLET M., ALLIX J., TESSIER B., LELONG F., BALTZER A., MEAR Y., POIZOT E., AUGUSTE P., ALIX P., LOIVE J., GUESNON J., 2011, « The Middle Palaeolithic Underwater Site of La Mondrée, Normandy, France »,  Submerged Prehistory, Oxbow Books 2011, p. 111-128.

MERCIER N., CLIQUET D., OLIVE J., POUDRET-BARRÉ A.,  MOMBER G., COUTARD S., CLET M., 2011, « Approche du gisement paléolithique moyen sous-marin de la Mondrée à Fermanville (Manche) et évaluation de son potentiel en matière de datations par la méthode de l’OSL », Actes du colloque HOMER, Vannes, 27 sept. – 1er oct. 2011, à paraître.

 

Liens :

SRA Basse-Normandie

CReAAH

ASAM Plongée Cherbourg

A2S – Opération Meknès – 07/2010

 

Dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S), cette opération est effectuée pour la commémoration du 70ème anniversaire du torpillage du paquebot français Meknès coulé le 24 juillet 1940, pendant la période trouble du début de la deuxième guerre mondiale. Le Meknès a été torpillé par une vedette lance-torpille allemande en patrouille dans les eaux de la Manche alors que l’armistice entre l’Allemagne et la France était signé depuis le 22 juin 1940. Sur les 1279 marins à bord, 429 hommes périrent dans le drame.

En 2010, l’ADRAMAR et le HWTMA, en collaboration avec les associations Saint-Malo Plongée Emeraude, Aquateck Vision et le Ministère de la Défense britannique, participent aux recherches en archives afin de collecter tous les documents permettant de restituer les circonstances de ce naufrage et à la prospection sous-marine de l’épave qui gît aujourd’hui par 60 mètres de profondeur.

À la suite de cette opération, une cérémonie pour le 70ème anniversaire du naufrage est organisée le 24 juillet 2010 par l’Association des Oubliés du Meknès en présence des familles des victimes. Sur le rivage de Dieppe où la plupart des corps des naufragés ont été repêchés et enterrés, une stèle en mémoire des marins est inaugurée simultanément à la pose d’une plaque commémorative sur l’épave, illustrant la dimension historique et mémorielle que revêt l’étude archéologique des épaves contemporaines.

 

 

Film : MOLL Zoltan, 2011, Mystères maritimes, affaires classées : Bateaux martyrs, Grand Angle Productions, 52’.

 

Lien : Site de commémoration des victimes du Meknès

A2S – Prospections géophysiques – 03-21/05/2010

 

Dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S), du 3 au 21 mai 2010, l’Adramar a effectué une campagne de prospections géophysiques au large de l’Ille-et-Vilaine (35) et des Côtes-d’Armor (22). Cette opération a été élaborée en collaboration avec E. Feige, M. Cloâtre, D. David, F. Jouet et P. Cahagne, qui avaient fourni des zones et des points à expertiser.

Cette opération s’est appuyée sur les appareils tractés pour détecter des anomalies.

Les sites expertisés ont fait l’objet, par la suite, de plongées archéologiques dont voici quelques exemples :

–          Le Walter Darré et le Hinrich Hey, deux épaves torpillées dans la nuit du 3 juillet 1944 par des Motor Torpedo Boat de la 65e flottille canadienne. Le Walter Darré était un chalutier armé construit à Wesermünde en 1933 puis intégré dans la Krigsmarine en 1937 et rebaptisé V 208. L’épave est couchée sur tribord et les vestiges émergent de 5 à 6 mètres du fond. Le passage au sonar latéral a permis entre autre de mesurer un diamètre de 4,5 m et une longueur de 3,4 m pour la chaudière. L’épave du Hinrich Hey est celle d’un chalutier construit à Hambourg en 1934. Il a été réquisitionné en 1939 et rebaptisé V 210. La coque semble très affaissée avec une hauteur mesurée de 3 m au centre de l’épave. Les parties arrière et avant forment un angle au point d’impact de la torpille. La partie avant est éventrée et les cales ouvertes. L’utilisation du sonar latéral sur des sites ayant des structures qui émergent du sédiment, nous a permis de mesurer l’emprise et la taille des vestiges conservés tout en permettant une appréciation de leur état de conservation général.

–          Un relevé au sonar latéral sur le site des épaves de la Natière afin d’évaluer l’évolution du site d’une année sur l’autre a également été effectué. Ces couvertures nous ont permis de constater que peu de changement ont eu lieu entre septembre 2009 et mai 2010 sur l’ensablement général du site.

–          Au large de Ploumanac’h, l’épave du Ouistreham a été recherchée. C’est par les recherches menées en archives par G. Philoux et les indications de M. Cloâtre qu’a été délimitée une zone de prospections. Venant de Saint-Malo et à destination de Morlaix, le vapeur Ouistreham toucha une roche au nord des Sept-Iles le 27 novembre 1886. Ce vapeur du Havre était armé au cabotage. Les passages au sonar et au magnétomètre ont détecté plusieurs anomalies dans la zone dont une a attiré notre attention. L’anomalie magnétique de 34nT et le contact sonar laisse à penser que nous sommes en présence d’une masse ferrique de plusieurs tonnes. Il s’agirait peut-être du vapeur Ouistreham. Les contacts se situant entre 45 et 55 m, nous n’avons pas été en mesure de plonger.

Lors de cette campagne, plusieurs autres zones ont été visitées et de ces zones certaines mériteraient des plongées et de nouveau passages au sonar latéral et au magnétomètre.

A2S – Prospections géophysiques – 31/08 au 03/10/2009

 

Ci-dessus : Image sonar de l’épave du  » Fetlar « (Saint-Malo)

Dans le cadre du programme européen d’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) un programme de campagnes de prospections et d’expertises sous-marines a été élaboré en partenariat entre le DRASSM et l’Adramar. La prospection a été menée au large des départements du Morbihan (56) et de l’Ille-et-Vilaine (35) sur la période allant du 31 août au 3 octobre 2009. Le choix de ces deux départements a été motivé par l’importance de documenter certains sites afin d’alimenter la base de données Atlas archéologique des biens culturels maritimes de l’Arc atlantique. En plus de la mise à disposition d’agents, le DRASSM a mis à disposition un magnétomètre déployé en complément du sonar à balayage latéral acquis par l’Adramar en 2009.

L’objectif pour cette campagne de prospections et d’expertises sous-marines était de documenter entre 12 et 16 points ou zones géographiques. Ainsi, l’Artiglio, le Chariot, le U 171, le Laplace, le Fetlar, la Charmante, les épaves de la Natière, ont été sélectionnées car ces sites ont déjà été expertisés, fouillés ou abondamment plongés. Nous avions donc à notre disposition des informations nous permettant de les comparer à celles que nous désirions collecter au cours de la campagne 2009. Pour d’autres épaves connues telles : le Florence-H, l’Angers, l’Elisabethville, le M4600, nous ne disposions pas d’information précise afin d’alimenter la base de données Atlas des biens culturels maritimes de l’Arc atlantique. Nous avons donc visé, sur ces sites, une collecte d’informations contextuelles et visuelles, grâce à la plongée et aux appareils de détection.

Cette campagne de prospections et d’expertises sous-marines a permis d’affiner un protocole (déploiement des outils, traitement, acquisition et restitution des données). Nous avons, à travers la documentation collectée, favorisé un constat de l’état des sites en 2009, tout en précisant la localisation géographique des gisements d’épaves. Plus de 11 km2 auront été couverts par le sonar à balayage latéral et plus de 2 km2 par le magnétomètre.

Les épaves de la Natière – 1999-2008

 

Situées en bordure immédiate du principal chenal d’accès au port de Saint-Malo, les deux roches formant le banc de la Natière constituent ce qu’il est convenu d’appeler un « piège à bateaux ». Le site, découvert en 1995 par un chasseur sous-marin, a finalement révélé deux grandes épaves miraculeusement préservées par le temps et les sédiments, désignées Natière 1 et 2. Les recherches croisées sur le terrain et dans les archives ont permis de les identifier comme deux frégates corsaires du début du XVIIIe siècle, soit la Dauphine, du port du Havre, perdue lors de son retour de campagne en 1704, et l’Aimable Grenot de Granville, naufragé en 1749 alors qu’il appareillait pour Cadix.

Les fouilles des épaves de la Natière se sont déroulées de 1999 à 2008 avec une importante équipe d’archéologues plongeurs, de chercheurs et de spécialistes sous la direction de Michel L’Hour et d’Élisabeth Veyrat, archéologues du Drassm. Le site de la Natière se trouve à moins d’un mille nautique des remparts de la ville, dans la baie de Saint-Malo, par 7 à 20 m de fond. Compte tenu de l’étendue spatiale du site de la Natière (1500 m2) et des conditions maritimes locales, il était nécessaire de bénéficier d’une plate-forme logistique adaptée pour mener à bien une telle opération archéologique en toute sécurité. C’est pourquoi l’Adramar a fait l’acquisition en 2000 d’Hermine-Bretagne, un ancien dragueur ostréicole de 18 m, pour le reconvertir en navire de recherche archéologique. Grâce à ce support, les travaux sur zone ont peu souffert des conditions climatiques médiocres fréquentes sur cette côte et seuls quelques jours par campagne ont été perdus.

Les épaves se présentent comme deux ensembles architecturaux alignés symétriquement entre les deux roches de la Natière, sur un fond de sable d’où émergent une trentaine de canons et plusieurs ancres. La topographie du talus rocheux de la Natière, alliée à la présence d’une plaine sableuse immédiatement contiguë aux roches, a garanti une telle protection au site que son potentiel archéologique est resté considérable malgré les siècles.

 

L’épave Natière 1, identifiée comme celle de La Dauphine, une grande frégate royale de 30 canons perdue à l’entrée de Saint-Malo le 11 décembre 1704, en pleine Guerre de Succession d’Espagne, a livré une collection d’objets d’une prodigieuse richesse ainsi que des données architecturales inédites. Une attention spéciale a été accordée aux éléments d’architecture navale de ce bâtiment, très bien conservés à l’avant. L’étude a permis de restituer une frégate marchande de 29 à 30 m (91 pieds) de quille portant sur terre et au port de 350 à 400 tonneaux environ. Les vestiges archéologiques correspondent à un bâtiment couché sur son flanc tribord orienté au nord-est, situé entre les deux roches de la Natière. Le bâtiment est conservé sur une longueur de plus de 35 mètres et s’étend sur une largeur dépassant 15 m au niveau du maître couple. La structure du flanc tribord du navire est cohérente et conservée depuis la carlingue jusqu’au niveau du premier pont, malgré deux lignes de fracture, le long de la quille et au bouchain. Deux pans de la muraille bâbord, disloqués par rapport au gros des vestiges, reposent plus au nord. À l’arrière, les structures architecturales se dégradent en progressant vers le sud-est, à cause du relèvement progressif du substrat granitique aux abords de la roche sud. Alors que la zone autour de l’emplanture du mat est noyée sous une gangue ferreuse générée par la présence de canons de lest et du parc à boulets, l’arrière de l’épave est caractérisé par la présence de nombreuses armes. Le contexte archéologique de Natière 1 est cohérent et très riche, malgré le renversement inévitable des objets vers le sud et dans les deux zones de fractures. La distribution du mobilier est cohérente en plan et en élévation, comme l’attestent les canons bien alignés sur le flanc sud de l’épave et plusieurs barriques qui semblent encore dans leur position d’origine. L’étude de la distribution spatiale des artefacts sur le site a permis de distinguer plusieurs espaces cohérents à l’intérieur du navire, notamment dans la moitié avant du navire, où se trouvent concentrés des objets culinaires, de la vaisselle de bord en étain, puis tout un lot de bouteilles et de flacons. Dans les soutes avant, un ensemble de grattes de calfatage chargées « en botte », un chargement de pelles à sel en bois et des dizaines de petits balais ont été retrouvés. Les outils du chirurgien constituent un autre ensemble cohérent au centre du navire. En effet, un mortier et son pilon, un clystère, plusieurs pots à pharmacie en faïence et quelques petits contenants de verre constituent les restes d’un coffre de chirurgien, dispersés suite au naufrage. Enfin, la frégate a livré plusieurs barils de bœuf salé encore alignés en fond de cale. À l’arrière, la chambre et les logements des officiers ne sont représentés que par quelques éléments épars, sans concentration évidente. Au contraire, l’armement du bord était conséquent, comme en témoigne la découverte de nombreux fusils et pistolets, trois tromblons démontés, de pierres à fusil, de cartouchières, de quelques sabres et d’une douzaine de grenades.

 

L’épave Natière 2 a été  identifiée comme l’Aimable Grenot, un corsaire de Granville de trois mâts, deux ponts, deux gaillards ayant fait naufrage à Saint-Malo en 1749 sur « les pierres Nommées les Rouvras [Ouvras] ». Des deux sites de la Natière, l’épave 2 est la plus proche du chenal, puisqu’elle s’est couchée au pied de la roche nord. Elle est apparue d’abord aux archéologues comme un amas de fer concrétionné couvert de laminaires, d’une hauteur de plus d’un mètre. L’ensemble s’est révélé être un chargement de barres de fonte de fer occupant le centre d’une épave de plus de 35 m. L’observation des vestiges architecturaux permet de restituer un navire de 300 à 400 tonneaux couché sur son flanc tribord et fracturé tout du long de sa quille du côté bâbord. Les vestiges représentent une demie section quasi complète, de la quille au nord jusqu’à proximité du plat-bord, vers le sud.  Dans la partie nord des vestiges, le fond de carène du navire, toujours « en forme », est couvert en partie par l’amas de lingots, au centre du navire, et par une épaisse couche de pierres de lest vers l’avant. Cette extrémité du navire montre une concentration de briques et de plats mêlée au lest qui correspond à la zone de cuisine. Au sud et vers l’arrière, au-delà de l’amas concrétionné, se trouvent des vestiges architecturaux aplatis et très mal conservés sous une mince couche de sable coquillé à l’évidence assez mobile. Le site est ponctué par la présence de quelque 6 ou 7 canons tombés du côté sud du site.

Les carrés fouillés montrent un contexte archéologique riche et bien préservé sous le lest de pierre. Plusieurs céramiques entières et des objets organiques fragiles ont été découverts, associés à des zones d’activités bien marquées. Par contre, c’est le scénario inverse pour la partie arrière. On y trouve peu de mobilier, toujours fragmentaire, et pas de répartition claire des objets. Si les limites du site sont atteintes à l’arrière, une grande partie du centre et de l’avant du navire n’a pas encore été investiguée, essentiellement à cause des difficultés liées au dégagement des pierres de lest couvrant cette zone. Même si l’Aimable Grenot n’a pas été fouillé entièrement, plusieurs ensembles fonctionnels ou zones d’activités ont été mis en évidence. Tout d’abord, il apparaît que le chargement de saumons de fer occupait l’essentiel du fond de la cale centrale. Le lest de pierre, situé à l’avant des lingots, recouvre aujourd’hui une partie de l’avant du site. Dans l’entrepont ou plus probablement sur le pont principal, la cuisine était placée derrière le mât de misaine. Les concentrations de briques et de contenants de cuisine à l’avant sont assez explicites à cet égard. Enfin, plusieurs articles de chirurgien apothicaire retrouvés à l’arrière du navire forment un ensemble fonctionnel cohérent, incluant un urinal, un crachoir et plusieurs pots à onguents, fioles et pots à cuire tripode, etc.

L’abondance des informations générées par l’étude en contexte de quelque mille neuf cents artefacts et des charpentes navales conservées a permis la constitution d’un fond documentaire exceptionnel sans commune mesure en Europe. Celui-ci offre des informations précieuses et inédites sur les techniques de construction navale mises en œuvre dans les chantiers privés comme sur les approvisionnements et les vivres, les échanges économiques et la vie des hommes embarqués à bord de ces frégates qui ont sillonné l’Europe maritime au début du XVIIIe siècle.

 

Film : Un Corsaire sous la mer, 2002, un film de Jérôme Julienne (52 min.), coll. Trésors engloutis, Gédéon programmes.

 

Lien : Grands sites archéologiques – Natière

Expédition La Pérouse à Vanikoro – 2003 et 2005

 

La disparition de l’expédition La Pérouse constitue l’un des grands mystères du XVIIIe siècle. Naufragées en 1788 sur les récifs de l’île de Vanikoro dans l’archipel des Santa Cruz (République des Salomons), les frégates La Boussole et l’Astrolabe commandées par Jean-François de La Pérouse n’ont pu achever la grande mission scientifique universelle commencée à Brest, trois années plus tôt, dans la lignée des voyages de Cook et de Bougainville. On devait rester près de trente ans sans nouvelle des 200 marins et des 20 scientifiques de renom qui participaient à cette expédition. Il fallut attendre près de 40 ans et la découverte en 1826 par Peter Dillon des vestiges de La Boussole et de l’Astrolabe sur l’île de Vanikoro pour que l’on commence véritablement à comprendre le destin des deux frégates. Depuis les découvertes de Dillon puis celles de Dumont D’Urville la même année, de très nombreuses missions se sont succédées à Vanikoro afin de percer le mystère La Pérouse et de découvrir le destin des équipages et de leur commandant.

En 2003, la campagne archéologique sous-marine avait pour but d’évaluer le potentiel scientifique des deux épaves et d’identifier respectivement les vestiges de La Boussole et de l’Astrolabe. Localisé par moins de 5 m de fond, le site dit de la « Fausse Passe » est couvert par des formations coralliennes et parcouru par un violent courant. Ces conditions environnementales difficiles ont conduit les précédentes expéditions à délaisser le site, au profit du gisement plus attractif de « la Faille ». La campagne 2003 avait cette fois l’ambition d’identifier avec certitude les vestiges qui y sont préservés. Au cours de l’opération, le plan général des vestiges a pu être réalisé. La découverte d’un fond de carène a permis, en outre, d’étudier l’assemblage quille / membrure / puits des pompes de cale et de réaliser in situ une précieuse étude d’architecture navale. Au nombre des découvertes, on citera également « l’inconnu de Vanikoro », un squelette presque complet d’un européen, âgé sans doute de 35 à 45 ans. Rarissime en contexte d’épave, la découverte d’un squelette humain prend ici une importance spécifique car il matérialise à lui seul la mémoire de l’ensemble des scientifiques et des marins français disparus lors du naufrage.

En 2005, une mission conjointe DRASSM-Adramar en support aux opérations de l’Association Salomon de Nouvelle-Calédonie est programmée. Dirigés par le DRASSM, les travaux en mer associaient 12 archéologues du DRASSM et de l’Adramar venus de métropole pour appuyer les efforts de la trentaine de plongeurs de l’Association Salomon à l’initiative de cette aventure scientifique et humaine. La Marine Nationale, pour laquelle le mystère de la disparition des deux frégates de la Royale a une résonance particulière, a affrété pour l’opération le bâtiment de transport léger de 80 mètres Jacques Quartier, afin d’offrir à l’équipe scientifique une plate-forme logistique adaptée.

L’un des objectifs archéologiques de ce projet était de caractériser plus finement les vestiges de la Faille, afin d’identifier avec certitude la frégate s’y étant perdue. À ce titre, les très nombreux indices découverts sur les deux gisements et qui proviennent des épaves de La Boussole et de L’Astrolabe devaient être considérés collectivement avec une extrême prudence avant d’être attribués à l’une ou l’autre des deux frégates. L’essentiel du travail des fouilleurs s’est effectué sur la zone correspondant à la partie arrière de l’épave de la Faille, le gaillard d’arrière, abritant les logements et espaces de vie des officiers et des savants, étant le plus susceptible de livrer des objets porteurs d’informations propres à identifier le navire. In fine, cette orientation scientifique a porté ses fruits et un nombre conséquent d’objets en excellent état de conservation ont ainsi pu ainsi être mis au jour. Peu à peu, grâce à leur étude, un faisceau d’indices s’est constitué pour faire pencher l’identification de l’épave de la Faille comme étant celle de la Boussole : des ustensiles armoriés tout d’abord, puis la découverte d’une seconde meule à grain sur le site, alors que l’Astrolabe n’en avait qu’une, ayant abandonné la seconde lors d’une escale en Californie. C’est finalement la découverte d’un sextant signé du nom de son fabriquant, « le Sieur Mercier », qui confirmera cette hypothèse : l’instrument faisant partie de l’inventaire du matériel embarqué sur La Boussole.

Parallèlement aux fouilles des deux épaves, les archéologues et géographes de l’IRD de Nouméa menaient sur l’île des opérations de recherche du « camp des Français ». Localisé en 1999 sur l’île de Vanikoro, ce campement aurait abrité plusieurs survivants des navires de l’expédition de La Pérouse, d’après les récits oraux recueillis auprès des habitants de l’île. Les quelques vestiges archéologiques découverts en 1999 et 2000 ont confirmé qu’un nombre peu important de survivants s’étaient bien installés à terre mais le mobilier retrouvé était très fragmentaire. Les travaux de 2003 et 2005 visant à retrouver les sépultures des survivants et les traces d’une éventuelle palissade dans les alentours immédiats du camp dressent le même constat de semi-échec. L’absence de vestiges en dur pousse donc maintenant les archéologues à s’interroger sur la durée réelle de séjour des survivants. Parallèlement aux fouilles du camp des Français, l’équipe à terre a procédé à une enquête ethnolinguistique de terrain menée par Alexandre François du CNRS pour recueillir des témoignages oraux supplémentaires.

Enfin, l’équipe de l’expédition Vanikoro 2005 était complétée par un entomologiste du CIRAD,  un peintre et un écrivain de la Marine, plaçant délibérément l’opération sous le patronage des encyclopédistes du XVIIIe siècle, dont l’esprit éclairait l’expédition menée deux siècles plutôt par Mr de La Pérouse.

 

Bibliographie

– ASSOCIATION SALOMON, 2008, Le mystère Lapérouse, ou le rêve inachevé d’un roi, Édition de Conti, 400 p.

– ASSOCIATION SALOMON, 2008, Opération Lapérouse. Journal de bord à Vanikoro, Édition de Conti, 128 p.

 – BELLEC F., 2006, Les Esprits de Vanikoro : Le mystère Lapérouse, Paris, Gallimard

 – DILLON P., 1830, Voyage aux îles de la mer du Sud en 1827 et 1828 et Relation de la découverte du sort de la Pérouse, Paris, 2 vol., 361 p.

 – FERLONI J., 2005, La Pérouse : Voyage autour du monde, Paris, Éditions de Conti, Grande Bibliothèque Thalassa

 – LA PEROUSE J.-F. (de), 2005, Le voyage de La Pérouse, annoté par J.B.B. De Lesseps, Paris, Pôles d’Images

 – PENDRAY J., 2006, Sur les traces de La Pérouse. Carnets d’expédition à Vanikoro, Paris, Glénat

 – STANBURY M., GREEN J. 2004, La Perouse and the loss of the Astrolabe and the Boussole (1788), Fremantle, Australian Institute for Maritime Archaeology

 

Film :

L’incroyable aventure de Monsieur de Lapérouse, 2005, un film d’Yves Bourgeois, 208 mn, France Télévisions Distribution