Fouille de l’épave ZI24 – Juin 2022

 

L’épave ZI24, s’implante, par 18 m de profondeur, en amont du barrage de l’usine marémotrice de la Rance (Saint-Malo, Ille-et-Vilaine, Bretagne). Son nom est lié à sa localisation géographique. Le site a été découvert en 1989 par Loïc Martin. En 1996, le DRASSM, Ministère de la Culture, y réalise une expertise archéologique et restitue le plan du site[1] : un alignement de onze canons de dimensions similaires, disposés parallèlement. Une datation est proposée : seconde moitié du XVIIe, fin du XVIIIe siècle ainsi qu’une identification le César.

En 2011 et 2012, l’Association pour le Développement de la Recherche en Archéologie Maritime (ADRAMAR, Saint-Malo), réalise des sondages sur l’épave, sous la direction de A. Poudret-Barré et de A. Hoyau Berry.

Mis en sommeil pendant dix ans, ZI24 est à nouveau investiguée en 2021 et 2022 par l’ADRAMAR. Une nouvelle étude dendrométrique est réalisée par C. Lavier (Laboratoire C2RMN). Une date d’abattage et de mise en œuvre des bois est ainsi avancée : 1663-1665. L’enquête est relancée d’autant que les observations dirigées sur le mode de construction du navire interpellent. Dans les parties basses, à proximité de la quille, les membrures sont collées les unes aux autres sans présenter d’espace comme l’impose le schéma classique de la construction des navires du XVIIe siècle en Europe.

 

Archéologie du site ZI24

 

L’axe longitudinal du site s’étend sur une vingtaine de mètres de long d’est en ouest. Le mobilier archéologique, constitué de fragments de céramique (grès normands et rhénans), de douelles de tonneaux, de briques de four, de petits plombs, offre une datation large. Leur production et leur usage s’étendent du XVIe au XVIIIe siècle.

La localisation géographique de l’épave, à proximité du l’usine marée motrice de la Rance, complexifie l’investigation archéologique. Les plongées se déroulent uniquement à l’arrêt de l’usine, soit durant une heure par jour. Le courant induit par son fonctionnement est une interdiction absolue à la plongée.

 

Plan général de l’ensemble du site en vue bathymétrique (2011, 2012, 2021 ; H. Botcazou – A. Hoyau Berry – D. Sanders – M. Sekouri © Adramar)

 

Et si ce n’était pas le naufrage du César ?

 

Le César, jaugeait 250 tonneaux, portait 18 canons et 71 hommes d’équipage. Navire armé à la pêche et au commerce était corsaire en temps de conflit. Il était affrété à Nantes en 1691, l’année précédant son naufrage.

De l’analyse dendrométriques de 2021 on découvre que la datation des bois relance la problématique de l’identification de l’épave avec le César, naufragé en 1692 et construit en 1681. Cela impliquerait un décalage d’une vingtaine d’années entre la date d’abattage des bois et celle de la construction du navire.

 

Orthophotographie des structures architecturales étudiées au sud-est du site qui atteste de l’absence de maille entre les membres (2021, Maxime Sekouri © Adramar)

 

Et si l’on partait pour les mers du nord ?

 

Les membrures de l’épave sont alternées avec des pièces de remplissage comblant la maille sur près de 3 m de long depuis l’axe de la carlingue vers les parties hautes du navire. Cet aménagement est distinct de celui que l’on observe dans la construction navale militaire en France. Mais il pourrait également correspondre à un souhait de rendre le navire adapté à l’échouage.

La grande enquête de Colbert sur les gens de mer de 1664, apporte des éléments de réponse. Ainsi, au XVIIe siècle, les armateurs français du port de Bayonne achètent des flûtes et des pinasses, de 200 à 300 tonneaux et les modifient pour les renforcer dans les parties basses de la coque. Ils les font « doubler et mettre des membres en dedans pour les fortifier » et cela pour qu’ils puissent résister aux glaces du Groënland.

L’épave ZI24 pourrait correspondre à un navire construit pour la pêche en eau glaciaire reconverti en corsaire, ce qui justifierait de la présence des onze canons.

 

Relevé de détails sur l’architecture navale de ZI24  (2022, Maxime Sekouri © Adramar)

 

Au final …

 

La mission 2022 a pour objectif de confirmer la datation avec une nouvelle campagne de prélèvements dendrométrique, d’évaluer l’emprise totale au sol du site en vue d’une programmation de recherche plus ambitieuse sur l’épave en 2023.

 

Relevé de détails sur l’architecture navale de ZI24  (2022, Maxime Sekouri © Adramar)

 

 

Prélèvement de bois en vue de l’étude dendrochronologique  (2022, Maxime Sekouri © Adramar)

 

[1] L’Hour M., Bulletin scientifique du Drassm, 1997, p. 59

Samedi 18 et dimanche 19 septembre

 

Samedi 18 septembre 2021 à 15h et Dimanche 19 septembre 2021 à 16h :

Balade-Patrimoine au cimetière de bateaux de Quelmer à Saint-Malo

Pour les journées européennes du patrimoine, l’Adramar propose une balade patrimoine afin de découvrir les enjeux de l’archéologie des cimetières des bateaux, l’historique du site de Quelmer et de présenter quelques épaves sur le site.
Dans l’anse de Quelmer, à la pointe de la Passagère, une trentaine d’épaves jonchent le sol. Datant du début du 20e siècle pour les plus anciennes, chacune raconte une part de l’histoire maritime de la Rance. Parfois construits sans plan, sur gabarit, ces vestiges matériels s’inscrivent dans une tradition de construction navale aujourd’hui disparue et conservent la trace de la mémoire locale.
Prévoir bottes et équipements en fonction de la météo

Journée européenne du Patrimoine le jeudi 16 septembre

Conférence 16 septembre 2021 à 18h Salle 112 Palais des Arts, Vannes, organisée par le parc naturel régional du Golfe du Morbihan
De Vingt mille lieues sous les mers à l’archéologie préventive,
Du capitaine Némo à Ocean One, le métier d’archéologue sous‐marin allie la connaissance de l’archéologie à celle de la plongée. L’archéologie sous‐marine nous donne accès à notre histoire maritime et économique mais elle nous informe également sur l’évolution climatique et la montée des eaux des littoraux. Elle est, au coeur du XXIe siècle, à la jonction entre la protection du Patrimoine culturel et du patrimoine naturel.
Visite de pêcherie, organisée par le parc naturel régional du Golfe du Morbihan
La visite des pêcheries fixes d’Arzon (anse de Motenno et de Bernon) est prévue le dimanche 19 septembre à 10h.

 

Samedi 19 juin – Journées Européennes de l’archéologie

 

Samedi 19 juin 2021 à 11h : Balade-Patrimoine au cimetière de bateaux de Quelmer à Saint-Malo

Pour les Journées Européennes de l’Archéologie, l’ADRAMAR propose une balade patrimoine afin de découvrir les enjeux de l’archéologie des cimetières de bateaux, l’historique du site de Quelmer et de présenter quelques épaves sur le site.

Dans l’anse de Quelmer, à la pointe de la Passagère, une trentaine d’épaves jonchent le sol. Datant du début du 20e siècle pour les plus anciennes, chacune raconte une part de l’histoire maritime de la Rance. Parfois construits sans plan, sur gabarit, ces vestiges matériels s’inscrivent dans une tradition de construction navale aujourd’hui disparue et conservent la trace de la mémoire locale.

Déc. 20 : Cimetière à bateaux de Gâvres (56)

 

 

Etude historique et archéologique du cimetière de bateaux de Gâvres (56)

 

En réponse à la demande faite par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer du Morbihan (56) d’une étude archéologique et historique des épaves situées sur l’estran de Ban-Gâvres (Gâvres), l’ADRAMAR a coordonné cette étude en partenariat avec le bureau d’étude GEOS AEL. L’objet de cette mission est de réaliser une étude archéologique et historique du site afin de définir le contexte historique, de caractériser les vestiges présents sur l’estran et d’en évaluer l’intérêt patrimonial avant un enlèvement des structures sur l’estran. Le site, lors de cette demande initiale, se compose de 6 à 9 épaves en bois entre 7 et 15 mètres de longueur chacune, sans propriétaire identifié.

Au final, l’enquête historique et l’étude archéologique sur le terrain a révélé la présence de 18 épaves sur l’estran dont 9 ont pu être identifiées formellement. Les épaves du cimetière de bateaux de Ban-Gâvres s’inscrivent toutes dans une chronologie relativement récente, celle du 20e siècle (borne chronologique inférieure en 1929 avec la construction du navire Malamok) et dans une même typologie, celle des navires de pêche.

 

 

L’intérêt de cette étude s’inscrit dans l’enjeu de ne pas détruire irrémédiablement des éléments patrimoniaux avant d’en avoir étudié le potentiel et de procéder à leur enregistrement pour garder la mémoire, la trace d’une histoire locale. L’étude menée montre à la fois l’intérêt historique et anthropologique (en lien avec l’activité de pêche gâvraise) et l’intérêt archéologique (vestiges matériels d’une tradition de construction navale de navire de travail aujourd’hui disparue) des épaves. Elle permet aux collectivités de s’orienter plus aisément vers la destruction quand celle-ci est nécessaire et de retrouver, de consigner des pratiques et savoir-faire régionaux disparus afin de les transmettre aux générations à venir.

 

Nov. 20 : Inventaire de vestiges de la 2nd GM en Charente maritime

 

Inventaire et prospection sur les vestiges de la Seconde Guerre mondiale sur les côtes de Charente-Maritime et du littoral basque

 

Dans le cadre du programme scientifique Atlas des Biens Culturels Maritimes de l’Arc Atlantique soutenu par le DRASSM, un recensement des structures à partir de la bibliographie et des données cartographiques (IGN, Ortholittoral) a été opéré sur le littoral charentais.  25 sites présents sur le Domaine Public Maritime du littoral charentais ont été inventoriés dans l’étude. Chaque site a fait l’objet d’une prospection de terrain et d’une fiche d’inventaire. Un inventaire des vestiges potentiels a également été réalisé à partir de la bibliographie et de l’observation des données IGN et de l’Ortholittoral sur le littoral basque. Ce travail de pré-inventaire a permis d’identifier 26 sites à investiguer en prospection pour en vérifier l’existence et les caractériser.

Oct. 20 : Inventaire de vestiges de la 2nd GM en Bretagne

 

Inventaire et prospection sur les vestiges de la Seconde Guerre mondiale sur les côtes de la Région Bretagne

 

Le littoral breton a fait l’objet d’un recensement exhaustif des vestiges de la Seconde Guerre mondiale situés sur le Domaine Public Maritime dans le cadre du programme scientifique Atlas des Biens Culturels Maritimes de l’Arc Atlantique soutenu par le DRASSM . Un recensement préalable à la mission de terrain a été réalisé en croisant les sources bibliographiques et cartographiques. La prospection menée en 2020 a permis d’inventorier 32 sites sur le littoral breton. Ces sites sont principalement présents dans les zones où l’érosion littorale est la plus forte (baie d’Audierne, côte sableuse de Bretagne sud).

Prospections en baie de Saint-Briac

 

Bilan de 3 années en baie de Saint-Briac à la recherche du Victor

 

Aucune des cibles issues des deux campagnes de prospection géophysique 2018 et 2019 expertisées en plongée (2018-2019 et 2020), n’ont permis d’observer la présence de vestiges archéologiques. Le contexte géologique est en grande partie responsable des difficultés de la recherche. La baie de Saint-Malo, implantée sur le massif armoricain, présente dans affleurements rocheux composés de roches métamorphiques. Ces roches magnétiques perturbent grandement la détection d’objets ferromagnétiques et la pénétration dans le substratum.

Durant ces trois années de mission, consacrées à l’identification des biens culturels maritimes en baie de Saint-Briac-Mer et à la recherche du navire Victor, nous avons expertisé, en plongée humaine, 44 cibles sur les 63 issues de la sélection issue des levés géophysiques. Les campagnes de prospection géophysique des deux années, 2018 et 2019  ont été réalisées sur une surface totale d’environ 5,8 km2. L’aspect non négligeable de ce travail est de pouvoir affirmer que la zone ne recueille pas de vestiges archéologiques significatifs, ni ceux du Victor, ni ceux d’autres épaves.

A cette époque l’activité de la ville de Rennes, dépasse celle de Paris, en tant que place prédominante de la frappe des monnaies d’argent de 1493 à 1680. Durant cette période l’hôtel des monnaies de Rennes est le premier de France pour la frappe de l’argent. Or il est pratiquement certain que l’argent envoyé à Rennes venait d’Espagne par Saint-Malo et cela dès 1541. A la fin du XVIe siècle, les arrivées d’argent dans ce port étaient si importantes que le gouvernement songea, en 1597, à y établir un hôtel des monnaies, afin d’éviter la fuite des lingots à partir de Saint-Malo comme l’explique J. Delumeau. Il est relativement difficile de quantifier les arrivages d’argent par les navires de Saint-Malo néanmoins on peut supposer qu’environ cinquante ans plus tard, époque du naufrage du Victor, la situation reste relativement similaire.

Un grand nombre de questions restent donc présentes pour lesquelles seule la découverte du navire Victor apporterait la preuve de ces échanges commerciaux de grande ampleur qui alimentaient la totalité du royaume. Pourtant sans la découverte d’archives donnant de plus amples précisions sur la localisation du naufrage rien ne justifie de relancer la prospection de l’épave du Victor, le navire n’étant pas là où il devrait, d’après l’archive, il peut être partout dans la baie de Saint-Malo… et elle est grande!